Blas Gimeno



Nature

L’ été

Je suis absent au temps. Qu’il passe, seul le présent m’aspire dans son chant de l’été.

La Roche

La roche enferme plus de secret que l’air que tu respires.
La roche est l’épaisse contraction de l’air
La roche enferme les secrets d’un premier âge de la terre
Les grands sages sont pris dans la roche, la pluie, le vent, la neige les ont sculptés. Quand vient l’été à certaines heures, on les voit imposants, ils veillent sur la vallée
La montagne a accouché d’un petit roc, c’est le portrait craché de la mer.

L’air

L’air est toujours amoureux d’un plus vaste espace.
L’air porte l’ombre et la lumière.
L’air accorde l’envol amoureux
La mouche tourmente l’air de la sieste
L’air que je respire et je pense au ressac et le jour baille au petit matin
L’air dans le jardin en août le soir après l’arrosage.
L’air que l’on inspire pour bailler le matin à la fenêtre
Un souffle d’air, un chant chasse le silence

L’herbe

L’herbe enferme la rosée qui brille avec le jour naissant.
L’herbe haute et venteuse rafraîchit les corps nus des amoureux
Chatouillement d’insectes dans l’herbe asséchée de l’été
Elle urine dans l’herbe haute qui chatouille mon désir entre ses jambes
L’herbe brûlée, dévorée de soleil attend la nuit aux sorbets d’étoiles.
Fines herbes au cœur de l’été, l’été…
L’herbe de la pelouse frôle la joie des pieds nus
L’herbe pense à la vache et elle rit la vache

L’arbre

Autour des arbres, l’air est nu frais et désirable
L’arbre veut rejoindre le ciel, mais il est inexorablement pris dans la terre
On peut grimper aux arbres quand ils le veulent bien.
Le vent retient sa colère dans l’arbre.
Entre le ciel et l’arbre un archer inspire.
L’arbre abattu a cédé une part de ciel et comme quelques larmes de sève
Le vent court dans la prairie c’est un arbre qui me le dit
Les grands peupliers palpitent et le bruit d’une tronçonneuse déchire l’air triste
En haut du clocher un arbre pousse.
Un arbre se joint à un autre l’été, pour l’ombre, les caresses et plus…
L’arbre mange le vent.
L’arbre et l’oiseau en confidence.
Les racines visibles de l’arbre sont dans le ciel.
Les racines sont silencieuses, elles écoutent les battements de la terre.

L’Eau

L’eau est vive
L’eau dormante a fait des cauchemars, elle croupit
L’eau s'échappe de l’obscurité de la nuit des profondeurs, transparaît, paraît puis disparaît
L’eau rigole, se laisse aller, le courant l’entraîne jusqu’à la fontaine.
L’eau de cristal native de l’âme
L’eau miroir bien aimé accompagne le reflet
L’eau chante à chaque rencontre
L’eau profonde, si lance l’éternité
L’eau de rose sur ta peau,et le soleil se lève à Ispahan
D’amour et d’eau fraîche et un orage éclate
L’eau-de-vie emprisonnée dans une bouteille
L’eau de glace fond et va vers une nouvelle vie
L’eau de pluie flic flaque flic flaque
L’eau rencontre l’air à l’horizon et l’écume frissonne dans le bleu de l’été

L’automne

La fenêtre est devenue noire
La nuit n’avait pas encore ramassé d’étoiles et la lune était en retard.
La mer s’arrête aux rochers, jamais elle ne les dépasse, bien que furieuse elle puisse les recouvrir. Et si elle choisit la plage, le sable l’attend .Elle à pour elle l’horizon

L’arbre (les feuilles)

J’aime comme les feuilles s’arrangent de la lumière et au moindre souffle leur merveilleux ensemble harmonique invente des sons éphémères et purs dans cette immobilité bleue
Qu’elle est la première feuille qui se détachera du cerisier ?
Combien de temps entre la première et la dernière feuille.
Avant de mourir la feuille annonce la couleur !