Blas Gimeno



Contes

Les deux poules rousses

La nuit

La lune qui regarde le jardin est plus inclinée ce soir, la marée montante pèse à ses récifs. Notre jardin accueille deux dodelinantes poules, deux saintes gallines.

Le matin

Un chant le matin à l'heure des tartines chaudes. Comme des jumelles elles vont viennent volent de leurs propres ailes, donnant à la terre sa part de miel. L'une pond l'autre non au soleil naissant comme au premier jour caquetant, coquetant, avec une gaîté folle elle l'annonce. La coquille est pleine du corps de vie dans une mer gluante et translucide. Une voie lactée enveloppe le merveilleux soleil vitellus. La coque coco coquette coquille est presque blanche. Voici la servante du soleil qui sous les bambous s'acoquine avec le faunesque démom de midi, crête et croupion, croupion et crête bécoter, froufroutant. J'ai le gésier sec et pas de lèvres. Un bec qui plonge dans l'eau croupie une, deux, trois gorgées en un clin d'oeil coquettement. Une journée chaude duvet et plumes. Ou est la fraîcheur, elles grattent poulettes oisives. Le dit des poules cot, cot, cot, cocotte, elles gloussent, elles glosent d'avoine détrempée de maÏs pilé, d'envies et pioupiou. quoi de n'euf du jour, battements d'ailes, colimaçons. Elles besognent la terre caquettant et poui et piou. Ailées et terrestres l'aile et la cuisse elles fientent, elles gloussent et alors faute des preuves cette bouche en cul de poule pleine de coquille glousse c'est domestique et naturel et d'inspiration végétale. L'astre s'incline. Alors elles s'acheminent vers le plumard s'accroupissent écartant les cuisses doucement. Le cocon est coquet l'une contre l'autre l'autre les coquines.

La nuit

La lune qui regarde le jardin est plus inclinée ce soir. C'est quelle est dans l'étonnement les deux cocottes frivoles attendent le faunesque démon de minuit Coquelicoq. C'est cocasse deux poules grimées aux faveurs de la nuit.

Le chat roux et l'oiseau

Le riant rayon a cisaillé la grille. Des pétales de lumière blanche se détachent. Elle passe dans la chambre. Les jeux follets des farfadets aux quatre coins du paradis cessent.

Épaules, hanches, cuisses le rayon s'éclate, glisse, habillant les rondeurs.

Le chat roux observe la jeune fille qui suce son pouce. Dans sa tête la nuit est surprise de vue par un chat rit va rit.

La petite romance s'évanouit et la jeune fille s'éveille. Elle s'habille d'une robe rouge à petits pois blancs.

Elle s'accroupit ramasse et porte à son coeur un oiseau. Elle le caresse lui fait des chatterie.

Dans ses yeux cellophane l'aventure céleste contenue? Il y eu frisson du soleil et l'arbre a bougé, un tremble.

L'oiseau celluloîde enchanté s'échappe, le chat d'un bond l'attrape passe par la fenêtre grimpe à la cîme du tremble.

Du perchoir le chat huchet s'agite il couine. Le chat perché a avalé l'oiseau un véritable chahut sensuel.

Maintenant le chat-huant charme la jeune fille. La nymphette câline observe la lune griffonner les branches du tremble.

Elle sourit lamome et dans ses yeux paradis le reflet d'un fragment du septième ciel.

La lune passe par la fenêtre et comme une enseigne lumineuse parade et découvre épaules, hanches, cuisses, glisse sur d'indolents plis nappée des secrets de la nuit.

Le chat roux, l'oiseau et la jeune fille.

Histoire de la chatte noire et du poisson rouge

Chat : animal à poil doux. Il ronronne quand on le caresse, a des yeux qui brillent surtout la nuit de pleine lune. La femelle est la chatte, elle a de longues moustaches, la chatte miaule.

Poissons : Les poissons sont rouges quand ils vivent dans un bocal. Ils ont des nageoires mais ne sont pas capables de bondir hors de l'eau "petit poisson deviendra grand" La Fontaine. Mais pas forcément heureux comme un poisson rouge dans un bocal.

de la chatte rouge et du poisson noir

La chatte est rêveuse elle lisse son poil rouge. Elle a de grands yeux mélancoliques. Elle observe un reflet dans un bocal. Dans le bocal le poisson noir et rouge poursuit la goutte d'or, le reflet.

Le clignotement du reflet devient l'attraction du poisson et de la chatte.

La partie se joua tant que l'été passait par la fenêtre.

Mais un matin la goutte d'or eut de la peine pour se glisser comme les autres jours. Pour chauffer l'eau du bocal, elle passa avec ce petit décalage que s'accorde les astres pour faire ou terminer une saison.

La chatte rouge suivit le grain de lumière qui se posait délicatement sur les lèvres roses du poisson noir.

Son désir traversa le miroir et l'emporta avec la fin de l'été.

La chatte est rêveuse elle lisse son poil noir. Elle a de grands yeux mélancoliques. Elle observe un reflet dans un bocal.

Le papillon blanc

Le papillon blanc s'immobilise devant le miracle renouvelé de l'été.

Il fait un tourniquet et arrose d'un jet arc-en-ciel le laurier rose. La terre désespère déjà d'eau, c'est l'été. Il déroule sa fameuse spiritrompe.

Papillotant la blancheur folle va de-ci de-là palpitante. Le papillon blanc comme la métaphore visible rieuse et tragique de la lumière.

Le laurier rose attend la pompeuse spiritrompe du papillon. Le papillon couvert de laurier plonge se spiritrompe dans la couleur fleur-de-pêcher.

Il aspire l'un quand décente libation. Les mouvements du papillon blanc épinglé dans la bouche du jour. Il est ivre.

Et forme une figure libre. Il a trois points noirs sur chacune de ses ailes. Il disparaît. Le papillon blanc s'immobilise devant le miracle renouvelé de l'été.

L'air se courbe pour les confidences du vent sous les arbres. Le papillon blanc.

L'escargot, la jeune fille et le jardinier

L'escargot en bave. Il est tombé de la lune l'escargot et entre ciel et terre il passe sur un fil d'argent. Un nouvel été s'annonce le sol est sec, l'escargot en bave.

Un petit air pèse dans le bleu chargé des effluves des légumes du potager, tomates et basilic. L'escargotique petit gris glisse vers ce bouquet d'odeurs.

Sous le cerisier rêveuse un livre ouvert sur ses cuisses la jeune fille. Le jardinier est vert penché il inspecte le potager à la recherche d'escrbot.

L'escargot derrière un brin de persil, escamoté. La jeune escarbeautée comme volute délie ses cuisses s'avance, s'accroupie et sauve escarbot du pied rageur.

Escarbot qui mâchonne le brin de persil glisse voluptueusement sur la peau rosée d'Alice. Il bave et dessine avec un fil d'argent un reflet de lune au mont de vénus.

Achever ce cycle d'écribiologique ne fut possible qu'avec la participation d'helix apersa dans notre jardin en décembre 1996.